
Ce monde à l’envers
Au détour de toutes les peurs, ce monde à l’envers de la raison nous guette.
Hostile à l’espérance, il éclipse la clarté d’hommes submergés de craintes.
Il avance, se discernant au loin comme une tempête qui approche.
Un négatif de notre vie qui ne s’apprivoisera pas.
Je suis dans ce monde à l’envers.
Les rues sont sombres. On n’ose plus regarder l’autre. Une barbe, un voile, des tatouages et l’on change de trottoir. Une explosion qui ôte la vie d’innocents. Une agression pour une différence d’idée. La mort comme unique remède. On crie, on insulte et on se bat. On ne sait plus dans quel camp se défier. Les mots revendiquent. Le feu et les épidémies gangrènent la terre. On est jaloux de l’autre. On casse. La paranoïa est insomniaque. On se pare de couleurs ou de religions pour exister, appartenir et hurler. La nature nous quitte. L’univers est claustrophobe. C’est la fin. On récolte nos excès. Notre espèce s’éteint.
Je remonte à la surface.
Il fait beau. Un léger vent fait vaciller les fleurs. Les rues sont larges de bonheur. Des millions de destins se croisent et se sourient. Les oiseaux chantent. On ose regarder l’autre. Les lettres sont d’amour. On tend la main. On se dresse pour aller de l’avant. On respire sous ce ciel bleu. Les rêves se réalisent.
Je dois faire attention, car derrière cette porte, ce monde existe et je n’ai pas de clefs pour la fermer.
Nos enfants auront un choix délicat à faire.
Peur ou espoir?
Rage ou joie?
Rejet ou respect?
Obscurité ou clarté?
Orage ou champs de fleur?
Notre monde ou celui qui est à l’envers?
Millions de cœurs 32