Ecrire mon monde

Mes mots au fil des jours, mes phrases pour partager, des pages pour aller vers ce roman.

« Les misérables »

L’art cinématographique n’est pas à la fête en ces temps confinés et les agréables surprises deviennent rares. Les salles sont fermées et nos Netflix, My canal ou Disney + ne sont que des sursauts de rêves pour des œuvres anciennes qui ne connaissent plus la surprise.

Et je suis passé à côté du film « Les misérables » – 2019 – …

Une fois de plus, des préjugés m’ont guidé vers l’ignorance et je me suis éloigné. Je ne voulais pas revoir La Haine ni subir, une fois de plus, les éternels clichés de cette banlieue si distante de mon univers. Je ne voulais pas écouter les plaintes. Je ne voulais plus être ébloui par ceux qui attise une haine insupportable. Je me suis éloigné… Ignorant au même titre que ceux qui ont un avis figé sur les blessures de notre monde. Gavé des clichés qui cassent les liens.

Ainsi, l’autre soir, j’ai appuyé sur lecture sans trop comprendre pourquoi cette curiosité malsaine me guidait vers ces 103 minutes de cinéma français heureux de ces césars – meilleur acteur, meilleur réalisateur, meilleur espoir masculin – et de ce prix du jury à Cannes.

Très vite, j’ai compris que ce serait différent. Très vite, j’ai su que je serais happé par leur histoire, leur monde, leur vie.

Surgissant d’entre les meilleurs polars que la France fait si bien et l’univers de « La cité de Dieu » – 2002 de Meirelles et Lund, Ladj Ly nous offre une immersion sans concession dans ces deux journées de canicule estivale. Entre ces bâtiments, il y a une police à bout de souffle et triste. Il y a ces adultes qui se croient caïds. Il y a ceux qui se voudraient chef titubant de la clarté à l’obscurité. Il y ces croyants perdus et cachés derrière leur barbe. Et il y a ces gamins, ces « microbes » qui ne connaissent plus la compassion et la main tendue.

Les acteurs dressent une partition redoutable. On les aime. On les déteste. On les fuira sans doute. On les laissera dans leur enfer pour partir le plus vite possible et se satisfaire de notre monde.

Les personnages ne cesseront de voguer de la clarté à l’obscurité. Leur combat sera noble mais souvent vain. Du plus affolé au plus sage, on réalisera, très vite, que la vérité n’est pas gage de réussite. On comprendra que chacun tente de faire au mieux en protégeant les siens. La manière sera différente et l’attitude souvent inappropriée. Et à chaque instant, ils pourront basculer du mauvais côté…

Ce film offre la finesse de réflexion qui saura nous donner à penser. Victor Hugo le laissait entendre aux intellectuels de son époque mais « Les misérables » crache à la figure de tout le peuple les maux de la France : La religion, la tolérance, l’éducation, les banlieues, notre police, la famille, les cultures de chacun, les racines de tous et les valeurs d’un pays que nous aimons très fort.

Car souvenons-nous, il suffit d’un terrain de foot, d’un ballon et d’une victoire pour que l’on chante tous en cœur notre hymne. Ne soyons pas ces « mauvais cultivateurs » qui écœureront notre jeunesse de ce drapeau et des valeurs aussi belles qu’incapables de redonner le sourire à ce « microbe » qui pleure et qui deviendra aussi obscur que dangereux.

Un coup de cœur pour ma sensibilité. Un coup de poing pour tous. Une histoire qui ravive les énergies. Le cinéma français est en vie et de nouveaux artistes frappent à la porte. Il faut les accueillir et évincer ces idées toutes faites porteuses d’ignorance.

« Les misérables » sont à l’image de la France : Empli force, Violent, bardé de revendications, imparfait, rempli d’espoir et sans concessions.

Millionsdecoeurs 52

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :