
Si loin de toi
Depuis toujours, tu m’as supplié d’être mieux que toi. Élevé à devenir ce que tu n’as pu atteindre, tes valeurs, aussi belles et fortes qu’elles furent, m’ont éclipsé de ta personne.
Si loin de toi, je ne peux que te raconter.
Le soleil se reflète sur l’eau emportée par le courant haletant gavé des neiges de l’hiver. Le ciel se parsème de ces éphémères subtils de ta sensibilité. Les couleurs de la forêt se réchauffent et les truites dandinent leur silhouette par-delà les galets du lit du ruisseau. J’aperçois ton ombre et entends la mélodie douce du fil dansant au gré du fouet. Ta mouche virevolte et tu la déposes délicatement à la surface.
Et bientôt c’est le gobage de l’ombre caché dans un contrefort de rochers. La canne plie à l’excès et tu deviens chef d’orchestre de ce tableau de maître.
Tu m’as conduit à d’autres rêves et ta perfection n’est pas la mienne. Si loin de moi. Je suis ailleurs mais reste celui qui rêve encore du pouvoir de l’onde claire des jours de printemps. Car, reviendra, sans cesse, cette fin d’après-midi de mai. Ce jour où j’ai vu l’homme au fouet qui domptait les poissons.
De ONE LOVE à EDEN KARMA110