Dans mon monde, loin du bâtiment C.
On va faire un basket ? Allez ! Avec ce BMX blanc, vert fluo et fourche pétée, je m’éloigne, donc, du bâtiment C. Au sommet de la côte, je redescend soulagé et souffle court. Je passe sous la vieille porte à la vitesse de San goku sur son nuage magique. Gauche. Droite. J’enchaîne les virages comme ayrton et j’arrive, déjà, sur le terrain. Dérapage contrôlé et arrêt. Je sors le ballon de mon sac à dos. J’enlève mon maillot LC WAIKKIKI et je mets un débardeur. Je dribble et jette mon Malabar bi-goût. C’est pas grave car j’ai des fraises Tagada pour plus tard.
Il n’y a plus que le ballon, le terrain, le panier et moi. Magic Johnson et James Worthy pour le Show Time ! Je joue. Je cours. Je parle tout haut. Shoot à trois points. Je m’imagine. Shoot en suspension. Je rêve. Tir avec la planche. Je me crois. Filoche. J’invente des moments de rêve et des scénarios de victoires. Double pas. Je récupère. J’ai le ballon en feu de NBA Jam. C’est encore mieux que sur la Super Nintendo. Il reste trois secondes de jeu … j’arrive dans la raquette …feinte, pas américain et on gagne le match. Je suis invincible. J’ai trouvé les sept boules de cristal et deviens le meilleur basketteur du monde. On perd de vingt points au début du quatrième quart-temps … mes paniers vont combler le retard. On va gagner en prolongations. Je bat Frank Dux en finale du Kumité. Je ne suis plus assis sur le muret devant le bâtiments C à manger des pipas et du maïs. Avec mes chaussettes nike bleues remontées jusqu’au genoux, je suis convaincu que je parviendrai à sauver Athéna en battant, un par un, les chevaliers d’or. Je suis dans mon univers. Je réussis tout ce que j’entreprends. Je fais un Perfect contre Bison à Street Fighters. Je gagne la coupe face à Mark Landers. Drible dans le dos. Décalage. Tir. On gagne le tournoi international devant une foule en délire.
Le soleil se couche déjà. Il faut rentrer. J’ai mal aux pieds dans mes Patrick noires. Un jour, j’aurais des Pump… ou même des Nike Air … ou même des Jordan. Je range mon ballon. J’accroche mon mousqueton « porte-clefs » au cadre du vélo. La chaleur des soirées d’été enrobe mon corps. J’ai trop soif. Vivement que je boive un verre de Tropico. Je pense, déjà, à la glace fusée du dessert. Je suis bien. En paix dans mon monde.
Je retourne vers le bâtiment C.
