
https://youtu.be/k56EPiSDpVU
Le bonhomme de neige
Il naît du bonheur de l’instant.
Il grandit sous les assauts heureux d’âmes pures qui ne sont pas encore happées par le temps.
On le façonne. On lui parle.
On lui confie cette identité qui lie une famille pleine d’espoir.
Il est beau et on le photographie. On lui chuchote des secrets et on le considère.
Il est au centre de l’intérêt de chacun. Au centre d’un monde. Au centre de la ronde de la vie.
Il assiste à ces moments où l’existence se fige sur les rires des enfants.
Il reçoit quelques boules de neige. Il perd, parfois, un bras.
Il est coloré. Il sourit. Son nez est grand.
On l’encercle. On court autour de lui.
Il devient le symbole d’une fratrie.
On le contemple avec toutes ces étoiles qui habitent les yeux de ceux qui croient, encore, aux miracles.
Et puis …
Tout le monde rentre se réchauffer.
Et pendant qu’ils sont tous ensemble à l’abri du vent et du froid, il se retrouve seul dans ce champ blanc. La nuit arrive avec la solitude … sa solitude.
On le regardera, encore, quelques fois en souriant.
Mais, on l’oubliera si vite.
Et la chaleur reviendra. Et cette herbe, si verte, réapparaîtra autour de lui.
Il se retrouvera si seul. Comme une tâche d’un blanc sali, qui n’a plus rien à faire ici.
Perdu.
Comme celui qui essuie la vitre pleine de buée, il sera balayé.
Comme ce coeur, dessiné avec le doigt sur la plage, qui se dissipe une fois la vague passée, il disparaîtra.
Il deviendra ce fantôme difforme qui s’égare dans les limbes de l’absence.
Il fond. Il pleure de sa peine. Il n’est plus que le reflet sinistre d’une image ancienne.
Solitaire de sa propre mort, il n’est, bientôt, même plus un souvenir.
On ira, ainsi, jusqu’à ignorer son existence. Dans l’omission la plus glaciale
On en refera un l’année prochaine … tu verras … ce sera bien …
De ONE LOVE à EDEN KARMA 22