
https://youtu.be/s9APLXM9Ei8 |
CHERNOBYL : le prix d’une vérité
« Il n’y a pas de vérité et les chefs nous servent des mensonges … » Anatoli DIATLOV
« Il faut oublier de mentir, car tous les mensonges que nous disons ne font que croître notre dette envers la vérité ». Valeri LEGASSOV
« La vérité se moque de tout … elle attend … combien coûtera le mensonge ? » Valeri LEGASSOV
C’est radioactif, il faut partir au plus vite !
Et il y aura encore tant de mots qui tentent désespérément de cacher et de faire oublier.
J‘ai été contaminé par cette série et ce constat maladroit représente assez bien mon ressenti quant à cette série efficace, simple et prenante.
On va avoir peur et survivre à cette catastrophe qui ne tue pas tout de suite. On va mentir pour cacher ce drame et taire la vérité pour se préserver. On vivra sans oublier la gravité de nos actes. On aura mal en réalisant les conséquences de ces jours passés. On sera amener à faire des actes sombres. On voudra se sauver au détriment de certains. On fera des choix. On suivra notre vérité mais on payera sa dette …
Pourra-t-on se regarder dans la glace sans trembler ? Pourra-t-on réussir à respirer ?
On mentira pour différentes raisons. Aussi nobles soient-elles…Pour protéger les siens. Pour cacher ses fautes. Pour taire les erreurs des autres. Pour ne pas alerter et faire peur. Pour fuir le jugement.
Cette série atypique tant par son format ( 5 épisodes de 55 minutes ) que par son histoire ( faits réels récents) va nous amener à côtoyer différents destins. On passera de l’obscurité à la lumière sans parvenir à classer ces personnalités du bon ou du mauvais côté de la vie. Des plus hauts dirigeants aux scientifiques dévouées en passant par de simples habitants d’une citée vouée à la disparition, on sera conduit sur le chemin délicat de cette catastrophe.
Et ces raisons qui demeurent encore si flous. Chacun y trouvera sa cause. Chacun y trouvera sa voie. Et chacun avancera selon sa vérité.
La musique va nous prendre la main et nous amener au plus proche du drame. Sans être omniprésente, elle arrive avec de plus en plus de proximité au fil des épisodes donnant l’aspect de moins en moins froid et détaché du documentaire. Les émotions des vies apparaissent, alors, et les sentiments s’aperçoivent de façon très douce et diffuse car cette froideur russe ne tolère pas le débordement …
La photographie ternie souffre de la catastrophe et la couche de ce graphite sali nous conduit irrémédiablement à la tristesse.
Les crépitements du compteur Geiger entrent dans notre esprit et nous accompagnent durant tout le récit. Ils viennent nous hanter au gré des déambulations aux abords de ce réacteur aux abois.
La vérité et le mensonge vont se toiser, se battre et ne rendre aucune souffrance. Il n’y aura pas de vainqueur. Il y aura, seulement, cette certitude gênante que ces deux rivaux sont valables au dépens des vies et de la vie et que la lâcheté n’est pas loin non plus.
Les épisodes retracent les faits allant de l’explosion au tribunal qui jugea tant bien que mal certains coupables quelques mois après.
De façon assez simple on comprendra le fonctionnement d’une centrale de ce type en relevant assez vite de l’équilibre très fin entre sécurité, danger, chaleur et refroidissement.
Cette version des productions américaines laisse sa vérité. Est-ce la vraie ? Différentes histoires vous seront compter et laisseront d’autres coupables. Mais, vous verrez que la série ne sombre pas obligatoirement dans le jugement d’un régime et d’une époque. On parvient assez bien à établir la part des choses … Les russes ne sont pas à blâmer mais …
Et il existe tant de versions alternatives. Je vous invite à vous documenter et à sonder les différentes vérités.
L’homme n’est rien face à la force de l’atome. C’est une poussière au sein de l’univers … au sein de ses réactions nucléaires qui ne s’arrêtent jamais.
Les avis seront différents. On pourra être déçu par cette retenue dans les émotions et cet aspect documentaire de déjà-vu. De plus, on se retrouve désarmé par ce mal abstrait qui ne se voit pas. On peine à se le représenter, à se l’approprier et à vivre l’expérience.
Les cendriers ne sont là que pour calmer le feu car les cigarettes peinent à s’éteindre. Les hommes ont cru qu’un réacteur nucléaire serait aussi méprisable que cette cigarette qui fume encore dans ce cendrier si commun. Ils se sont trompés … le feu est toujours présent … la fumée s’aperçoit et c’est déjà trop tard car le mal nous a envahi … à jamais …
Millionsdecoeurs 11