
Je rentre tard ce soir
Cette histoire s’est déroulée il y a déjà bien longtemps. Elle vient me hanter encore souvent… très souvent.
Je devais avoir 14 ans et je vivais un début d’adolescence heureux au sein de cette maison de la campagne Briarde. Les jours s’écoulaient avec bonheur dans ce foyer et je peux dire, avec du recul, que je fais parti de ceux qui ont eu une belle enfance.
Je ne craignais ni le noir ni les fantômes et je n’avais que pour intérêt le foot et les jeux vidéos.
Mon frère âgé de 18 ans me persuadait, néanmoins, que sa vie devait être encore plus cool que la mienne. Le permis de conduire et les soirées entre copains me transportait dans cette envie folle de vieillir au plus vite. Libre.
Imaginez, alors, ma joie, le jour où ma mère m’a dit que je pouvais rester seul durant toute une journée à la maison. J’étais au paradis. Ils étaient invité à un mariage aux environs de Troyes et ils ne rentreraient que le Dimanche dans l’après-midi. Mon frère devait sortir et j’avais, donc, la maison pour moi tout seul. Trop bien!
Et ce fameux Samedi est arrivé.
Mes parents sont partis en fin de matinée avec une certaine appréhension et mille et une recommandations. J’avais un repas tout prêt dans le micro-ondes et tout un frigo rempli de friandises très sucrées.
A moi la belle vie!
Vers 13h, je jouais, avec acharnement, à Street Fighters quand mon frère me balança en sortant de sa chambre :
«A toute … je vais rentrer tard… fais gaffe!»
J’entendit à peine la voiture partir, trop concentré sur mon combat contre Bison.
Après un demi-litre de Coka et un paquet de Choco, mes parents m’appelaient.
«tout va bien … t’inquiète maman!!!!».
Et j’ai du faire résonner cette phrase une bonne demi-douzaine de fois jusqu’au soir. Ils se faisaient du souci et les coups de file se répétèrent.
Et le temps est passé comme dans les songes les plus doux. Jeux vidéos, films et rien d’autre.
Vers une heure du matin, mes yeux se fermaient tout seuls, le dernier Jean-Claude Van Damme ayant eu raison de mes derniers grammes d’attention. J’ai du toucher mon oreiller en étant déjà au pays des rêves.
Dans la nuit, à 3h05 exactement, un bruit sourd me réveilla. La porte d’entrée s’ouvrit avec fracas et des pas lourds firent vibrer les murs.
Mon frère rentrait, me réveillait et ne respectait, décidément, plus rien quand les parents n’étaient pas là.
J’engloutit ma tête sous l’oreiller, en rage.
Ma chambre se situait en face de celle de ce sale con. Dans le couloir, à côté, il y avait la salle de bains et les toilettes. Je l’entendit, alors, chantonner un air mi-heureux mi-triste. Bizarre. La chasse d’eau fût tirée quatre fois de suite. L’eau se coupait et se rallumait. A bout, il ne me resta plus que mes hurlements :
«C’est bon là! Fais moins de bruit! Putain!»
Et ce rire moqueur qui s’étendit, alors, dans la maison pendant de trop longues minutes.
Il me saoulait… Je voulait qu’il meurt dans d’atroces souffrances, le plus vite possible.
J’espèrais qu’il aille se coucher pour que le silence revienne. Il entra dans sa chambre et ferma sa porte. Espoir.
Sa musique métal de merde vint me faire sursauter. Et pendant une éternité, elle martyrisa mes oreilles. Puis plus rien …
Il était vraiment trop con … mais c’était mon grand frère et je ne pouvait rien dire.
Je me rendormit tout de même.
Le chant des oiseaux me réveilla à 12H06.
Ouah! Une vraie grasse mat’ de grand.
Ce fût un super week-end malgré ce sale bâtard…
En sortant de ma chambre, dans un élan vengeur, mon coup de pied fit vibrer sa porte et le couloir dans son entier. Je voulais le réveiller et le faire payer car il n’avait pas le droit.
Rien ne se passa. Il avait un sommeil de plomb cet encu…. Pff!!!
Pour clôturer, tout de même, en beauté ce week-end en solitaire, je me prépara un petit dej de compétition. Coka et kinder surprise.
La cuisine s’ouvrait sur le hall d’entrée et j’ était orienté face à la porte.
Des bruits de clefs levèrent mes yeux de mon magazine de foot.
Les parents? Déjà? Putain! C’était le bordel dans la maison. Ils allaient gueuler. Je ne me souvenais plus qu’ils devaient rentrer si tôt. La loose !
La porte s’ouvrit.
Mon frère entra et me lança:
«je ne suis pas rentré du coup.. j’en ai profité aussi… pas eu trop peur tout seul?».
CP 1