
La plage noire
Cette nuit, j’ai rêvé dans mon rêve. Je dormais encore et le cauchemar était doux. J’étais parti ailleurs… au-delà des couleurs.
Au détour d’un chemin, derrière une colline, une plage noire se devine.
Sur cette grève, la lumière ébranle des teintes qui n’osent plus s’y dandiner.
La lune se discerne dans un lac où tout n’est qu’obscurité. Le blanc gris se fond avec hargne et froideur sur le noir décadent.
En complaintes funestes, des cris raisonnent, dans l’esprit fatigué.
Des hurlements se heurtent à ce silence en noir et blanc.
J’ai peur dorénavant car je sais que les étoiles s’éteignent, que les fleurs se fanent et que les pages se tournent.
Des âmes se noient dans ces eaux troublées par la nuit.
Le silence raisonne.
Je n’entendrai plus leur voix.
Résigné, je n’ai plus peur. Mes pieds sont dans l’eau et la lune me sourit car elle sait où je vais.
La plage noire n’est que passage pour ceux qui sont usés et amères de toutes les couleurs qui font plisser les yeux.
Je vogue entre la réalité étiolée et la chimère du songe.
La plage est noire.
Je m’y perdrai, peut-être, un jour… mais pas maintenant… pas tout de suite.
De ONE LOVE à EDEN KARMA 62