
https://youtu.be/Peh9Yqf1GXc
The Last dance: ce ne sont que des hommes
On les veut super-héros, bienfaiteurs et enchanteurs. On les pense immortels et différents. Sans les jalouser, on les accepte parmi nos songes. Mais ce ne sont que des hommes…
J’avais ces yeux brillants en ce matin de Juin 1998… j’assistais, alors, au dernier acte de ce N°23 devenu dieu vivant d’un sport. Je voulais être Micheal. On voulait tous être Michael.
Et le temps est passé et les dynasties se sont succèdées. J’ai recroisé l’émerveillement au détour d’autres magiciens de la balle orange mais au fond de moi demeurait un domaine qui resterait toujours le même. Celui de Chicago au travers de ces années 9O.
The last dance – série documentaire de Netflix -10 épisodes de 50min- 2020- fût cette Deloreane qui me conduisit dans ces temps anciens. La série retrace, à grands coups d’images d’archives inédites et d’interviews, la dernière saison de Michael Jordan avec les Chicago bulls en 1997-1998. La dernière danse de ces artistes au talent démesuré.
Et je me suis aperçu, avec mon âme d’adulte qui rêve pourtant toujours, que ce n’était que des hommes comme nous.
Ils avaient leur clarté, leur obscurité, leurs défauts, leurs atouts, leurs faiblesses, leurs peurs, leurs doutes, leurs valeurs et tout ce qui élève les vivants. Ils avaient, ils ont et ils auront «juste» ce talent radieux qui nous fait frémir sur chaque action du jeu.
Et Michael Jordan dans tout ça?
Ce documentaire qui devient fiction au fil des minutes, va éclairer ce personnage d’une façon très différente. On le verra sourire, s’énerver, pleurer et se rapprocher au plus proche de cette fragilité autant immense qu’incompréhensive pour un dieu.
On va le comprendre et pénétrer dans cette époque où ce sport, emplis de vices et de naïveté, s’éclairait enfin au yeux du monde.
Certains se sentiront lointains de cette période où le jeu était si différent. D’autres apprendront et les cœurs de basketteurs découvriront avec émerveillement. C’était rugueux et âpre. Le panier se méritait et les combats étaient dantesques pour effondrer cette forteresse imprenable. Le beau jeu des Bulls s’appréciait ainsi au travers de ces passes, de ces déplacements et de toute cette énergie déployée pour atteindre la cible adverse et défendre la sienne.
Je ne voudrais, cependant, pas m’effondrer dans cet état d’esprit qui voudrait gueuler que «c’était mieux avant». Je suis ébahi devant ces Warriors qui mettent tant de couleurs dans le jeu mais cette attaque en triangle était le moyen de s’inventer encore pour jouer mieux.
Jason Hehir réalise, donc, une série qui nous attirera jusqu’à la fin bien qu’on la connaisse déjà. Le montage qui nous déplace d’une décennie à l’autre nous permettra d’appréhender avec finesse l’état d’esprit et les valeurs défendus par chacun. On pourra croiser des amitiés et des animosités surprenantes. On comprendra les actes et les gestes d’hommes qui se trompent, s’aiment et défendent leur équipe.
Il y a plusieurs façons d’aborder la vie et tous ces artistes feront battre leur cœur dans ces matchs dénoués d’ennuis. Juste pour le jeu. Juste pour gagner. Et après le match que se passera-t-il? Quand la salle sera vide, que deviendront-ils?
On ne pourra donner le meilleur de soi dans un domaine sans en délaisser un autre. Le super-héros est, souvent, triste de sa différence. Il souffre de maux qui témoignent d’un manque réel.
The last dance met en scène des hommes qui ne voudront que gagner. Michael Jordan ne pouvait que gagner. Il restera le meilleur pour cette raison aussi simple. Il a gagné en se battant sur chaque opposition comme si c’était la dernière. Il fut exigeant et sans concession avec ses coépquipiers. Il fut désagréable et dur. Il ne tolérait pas l’échec. Il menait ce combat depuis toujours. Un match qui ne l’opposait finalement qu’à lui-même. Un dieu dans toute son imperfection. Un homme dans toute sa magnifique vulnérabilité.
Ce documentaire relate une histoire d’hommes ponctuée d’erreur, de pardons, de résilience, de peine, d’efforts, de larmes, de sueurs et de cette volonté qui ira au-delà de tout. Celle qui ouvrira la porte de la victoire. Celle qui leur permettra de n’être jamais oublié et d’ouvrir le panthéon du sport et bien plus encore.
On se souviendra de Steve, Ron, Toni, B.J, Bill, Horace, John, Dennis, Phil, Scottie et Michael.
On se souviendra d’un dieu et de son cortège d’alliés et d’ennemis. On se souviendra de ces actions parfaites. On se souviendra de cette dynastie. On se souviendra de ce N°23 devenu à lui seul modèle du basket-ball. Chaque basketteur le connaît et le connaîtra. Chaque basketteur voudra être Michael. Et tous les cœurs battront encore très longtemps au rythme de cette couleur rouge orné d’une tête de taureau.
Une histoire que l’on racontera pendant de très nombreuses décennies.
Au travers de ce documentaire, le basket-ball n’est plus un jeu. Il devient épopée… pour l’éternité.
Millions de cœurs 40