
Lettre d’hier ou de demain
Bonjour à vous jeunes terriens. Je vous écris cette lettre de très loin. Il vos faudrait des vies et des vies pour fouler le sol glissant de mon monde et je vois depuis là-bas que vos lettres, si souvent d’amour, permettent d’adoucir les existences.
Ces quelques mots sont, donc, un cadeau comme vous aimez vous les offrir.
Je suis ce que vous appelez un enfant et je ne peux pas, encore, m’élever comme mes semblables. Mais je peux observer l’univers et au hasard de mes déambulations, je suis tombé sur vous …
Chez nous, on maîtrise le temps et ne connaissant plus l’avant et l’après mes mots seront, donc, pour vous de demain ou d’hier … il y a si peu d’importance, croyez-moi.
Vos sentiments vous font pleurer de joie ou de tristesse. Moi, je n’ai pas de larmes. Vous pouvez Tuer et aimer. Torturer et aider. Punir et sauver. Vous fondre dans la compassion ou basculer dans la haine. D’après vos couleurs, le noir et le blanc ne font que se balancer au gré de vos vies. Magnifiques ou laids. Beaux ou méchants. Vous détenez un pouvoir absolu : l’imperfection.
Si je ne devais que jouer avec une seule de vos émotions, je prendrais la jalousie. Vous êtes si gracieux, habillés de vos joies, de vos peines et de ce petit mot qui change tout : La magie. Je serais jaloux de toutes vos histoires d’amour, de tous ces jours qui vous ont vu magnifiques de sacrifices. Je serais jaloux de la si grande faiblesse que vous croyez détenir. Vous êtes splendides sans le savoir. Vous avez peur et vous aimez. Capables de détester ou d’embrasser.
Je vous écris parce que je vois que vous ne réalisez pas la force immense qui se brasse dans ce que vous appelez le cœur. L’obscurité n’est que passage. La différence n’est que point de vue. La peine se dompte et se dépasse. Votre époque est amère, je l’admets, mais ne vous égarez pas dans les conflits se baignant au sein de votre nature qui se rebelle.
Je vous regarde depuis des vies et remarque que je suis le seul à profiter de votre clarté. Votre planète est si colorée. Votre vie est si foisonnante. L’énergie est si présente. Ne vous laissez pas abattre par les doutes.
Votre peur de la mort et vos dieux seront des passagers de vos existences mais vous serez les pilotes solitaires de vos fusées qui n’existent pas encore. Vous ferez face à vos démons, vous résisterez et vous gagnerez.
Je vous écris pour vous dire de tenir bon, de croire en demain et de supporter ces couchers de soleil douloureux. Cette si belle étoile vous fera frémir encore longtemps.
C’était moi, celui de demain, d’hier et de là-bas. Celui qui n’a pas d’émotions mais qui voudrait. Celui qui serait si parfait à vous yeux.
N’ayez crainte et profitez de votre belle et si majestueuse grandeur de terrien.
Millions de cœurs 48