
Les cités d’or
On cherche les cités d’or, écumes aux lèvres et rage au ventre. On rêve de leurs couleurs, cœurs serrés et espoir déchu. On se voudrait voler dans le condor avec Esteban et Zia pour survoler ces rues où plus personne ne connaitra le besoin.
Et le monde change …
Tous à crier la justice, à hurler l’égalité puis à vomir la haine de celui qui aura plus, on balance nos nerfs sur une république qui tangue, se désunit … se désagrège.
Les bruits déchirent les songes et les vident de leur consistance.
On se voudrait riche et altruiste en recherchant désespérément une appartenance. Il y a ces stades, ces maillots, ces millions qui flottent devant nos yeux pour rayer nos rancœurs et effacer les opinions. On se cache dans les églises, les mosquées et les synagogues pour fuir, survivre et se croire encore vivant. Nos croyances sont mieux que celles du voisin et la tolérance écrite sur nos bibles s’évapore. Il n’y a plus de pudeur pour ces héros descendant de la colline de l’anonymat. Les rebelles cartonnés de combats inventés accompagnent ceux qui parlent plus fort et inondent les réseaux, chaines de nos prisons nouvelles. Les extrêmes grandissent car ils tendent les bras à la faiblesse de la peur. Rassemblement tricolore, talibans, ku klux klan, daesh … On revendique, s’imagine vaillant et les variants du virus font pétiller nos cocktails dopés aux additifs chimiques. Les débats se périment. On ne comprend rien dans ce vieux pmu où les voix se mélangent et ne s’écoutent plus. Celui qui sera le plus vus sera grand et celle qui sera la plus intelligente se cachera. Briller pour évincer l’idée comme slogan influenceur.
On a peur de tout car le verre est à moitié vide dorénavant. Face à ces odeurs de crainte, mon anosmie pourrait s’envier.
La liberté devient combat sans règles et big brother gavé de nos données personnelles explose.
Le matériel est maître et les sentiments sont faiblesses. Celui qui roule en Mercedes avec Rolex au poignet est beaucoup plus signifiant que celle qui, larmes aux yeux, s’enlisera dans les couleurs de la nature. Certains renient leur racine et la joie de la nation se déchire.
Je voudrais tendre les bâches, enfiler la tenue blanc immaculé et découper ce monde comme Dexter Morgan.
Que dirais-je à mes enfants quand ils voudront crier aussi ? Ils riront de mes utopies et de cette île où l’on tend encore la main pour aider et aimer. Dois-je leur dévoiler que le côté obscur a gagné ?
Mon fils, mes filles, vous êtes nés dans ces cités d’or mais les murs se fissurent et la foule en colère s’enlise dans la folie…
Millions de cœurs 57