
Quelques jours dans le nord
Le réveil sonne avec la saveur de matins pas comme les autres.
Le silence inonde la maison et dans le calme serein on prépare les bagages.
Je mets nos affaires dans la voiture dans l’obscurité d’une nature qui dort encore.
Nous sommes, maintenant, prêts pour partir et nous réveillons les enfants.
Samuel me dit « on part à la mer » avec des yeux brillants et les portes de notre demeure se ferment au rythme des oiseaux qui chantent enfin l’aube.
On quitte notre cocon douillet des jours de tempête.
Les lumières des villages deviennent des pointes jaunies qu’un peintre aurait distillé avec délicatesse sur la toile de ces journées où les couleurs sont belles. Des lucioles qui se réveillent dans le brouillard en faisant exploser des lueurs d’espoir.
Le ciel s’éclaire et le monde s’envoute d’une teinte bleue laissant présager au soleil.
Je regarde à l’arrière de la voiture et les rires ont disparus en laissant danser les rêves.
Je lui tiens, alors, la main et nos regards se croisent, épris de l’espoir que ces vacances seront, une fois de plus, magnifiques.
Les nuages se sont égarés et la pluie s’en est allé.
Un ciel bleu soufflé par le vent accueille les cerfs-volants.
La mer se retire et laisse une plage dorée par le soleil de printemps. Les phoques se prélassent de loin, peureux de la horde de ceux qui crient et courent sur la grève.
Et maintenant, le ciel se charge de couleurs, de formes et d’animaux. Une délicatesse nous précipite à nous allonger dans le sable pour laisser aller notre regard et nos rêves à ces cerfs-volants qui dansent tout là-haut. De la musique et les vagues rejoignent ce ballet somptueux.
Et jusqu’au soir, nous resterons serrés les uns aux autres, clan uni qui vibrera une dernière fois sous un feu d’artifice qui fit trembler la plage et notre cœur.
L’aquarium de Boulogne est triste en ce jour de pluie. Le temps ne lui dévoile aucun charme.
Nous entrons avec inquiétude mais le monde des profondeurs des océans sera si bien nous envoûter une fois de plus.
Mon fils s’émerveille des méduses, délicates danseuses d’un ballet aquatique.
Mes filles se dressent d’effroi face aux requins.
Ma femme s’enthousiasme des raies géantes qui semblent vouloir nous fustiger de leur immense carrure.
Je m’émeus des couleurs, du silence et de ces univers qui ne souffrent plus des cris des hommes.
Le temps n’a plus de prise et l’on s’assoit face à ces lieux bleutés où les poissons dansent de nous voir nous émerveiller.
De longues traînées de sable caressent la plage et jouent avec la mélodie du vent.
Nos ombres s’étirent tel de géants enfants.
Le temps suspendu n’a plus que l’écho de nos voix jouant au loup.
À la recherche du plus beau des coquillages, combattant contre le vent, je m’incline en baissant la tête pour ne pas faiblir face au soleil couchant. Je l’enlace et la remercie pour ces instants aussi simples que merveilleux qui n’avaient aucune saveur avant d’avoir croisé son regard.
Mon clan est heureux. Je suis à ma place sur cette plage de la Manche.
De ONE LOVE à EDEN KARMA127