
Derrière la butte
L’aube et mes yeux collés par le sommeil.
On va, bientôt, partir… là-bas… derrière la butte, avec mes bottes vertes en caoutchouc, ma veste un peu trop grande et cette conviction que la magie sera bientôt avec moi.
Le chien nous assomme de ces sauts impétueux et mon père s’arme de sa canne. Nous voici prêts.
La rosée inonde les prés et le soleil éclaire des fleurs dévoilant des couleurs scintillantes. L’air frais caresse tendrement mes joues.
On arrive, maintenant, vers un chemin qui s’évapore dans la forêt. Après quelques pas dans sa terre humide, une petite butte nous présente sa posture. Un enfant peu habile ose, alors, effleurer son dénivelé imposant.
Le sentier descend, ensuite, sur un monde où des bruits inconnus se bousculent.
J’entends l’eau qui caresse les galets. L’odeur de la vase fraîche agace des narines encore dociles.
Les arbres se dégagent, enfin, pour laisser la rivière embellir le paysage. L’harmonie de la nature pourrait presque se toucher. Des oiseaux, peureux de notre présence, se dispersent et les poissons laissent éclater leur gobage à la surface du courant.
Je monte sur ses épaules à côté de l’épave d’une barque abandonnée depuis des vies et des vies. J’aperçois les gravières qui viennent frotter les bords du Rhône. On traverse ce fleuve en se déplaçant comme un funambule sur une corde invisible. Il connaît si bien les lieux. Même les fonds n’ont plus de secret pour lui.
Oh Rhône, tu laisses ta force m’éblouir et me surprendre. Tu me fais peur mais tu m’attires. Je te crains et t’admire. Majestueux. Secret.
On arrive sur l’île.
Il part d’un côté et le chien court sur la plage.
Je deviens, alors, explorateur qui découvre, imagine et rêve. Je suis dans un monde unique où mes pensées se parent d’une réalité aussi belle qu’étrange.
Le temps n’a plus d’importance. Les mots aussi …
Je suis ailleurs… là-bas… derrière la butte…
De ONE LOVE à EDEN KARMA74