On éteint la lumière ce soir
Nous sommes le Vendredi 15 Janvier 2021, il est 19h01 …
Je quitte la patinoire sans savoir quand je pourrai y retourner.
Il fait froid ce soir et les étoiles parsèment des lumières délicates dans un ciel obscure d’espoir. Elles brillent pour nous narguer de ces temps troubles où la patience n’est plus que l’unique arme pour espérer. La lune, loin d’être pleine, est si belle. Aussi proche que majestueuse elle est éclairée par un soleil qui n’a de salut que pour un autre versant de notre terre.
Et les salles s’éteignent une fois de plus. Les projecteurs se taisent dans un dernier clap d’action. Ils embaument l’espace de cette nuit qui ne tolère plus la vie.
Les bruits se sont évaporés. Il n’y a plus les rebonds de ballons qui raisonnent. Les baskets qui glissent dans un crissement aigu s’oublient. Les balles qui passent de raquettes en raquettes, les pas habiles pliant les praticables doux et les lames de patins qui froissent une glace immaculée partent aux périls des souvenirs.
Où seront les rires, les cris et tous ces sursauts de joie et de défaite ? Où s’envoleront les larmes, les encouragements et autres instants de grâce ? Comment retrouver nos désillusions et les accès à la perfection éphémère ?
La voie vers la magie que seules les âmes naïves croisent s’éloigne… se perd … s’étiole.
Les lumières s’éteignent ce soir.
J’ai neuf ans et ma première compétition de patinage artistique n’aura, une fois de plus, pas lieu. Mes larmes accompagnent ma tristesse … Je comprends que ce n’est pas si grave. Les grands m’assurent qu’il y aura un après et que je pourrais bientôt recommencer à rêver.
Mais, ce soir, on m’a volé la croyance farouche du merveilleux.
Il était là-bas pourtant… où la lumière s’est éteinte…
De ONE LOVE à EDEN KARMA85
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