
Course poursuite
Il me regarde et tend sa voiture en plastique aux couleurs vives de la naïveté des enfants. Je prends ce jouet magique et m’assoie pour que mon fils me défie avec un autre bolide.
On ouvre les portes, descend l’arc-en-ciel et la course poursuite peut débuter.
La voiture de police poursuit le fourgon violet qui hurle à qui veut l’entendre qu’il est le « plus beau des camions ». Le moteur est en surrégime et rejoint ce bahut qui dérape dans le virage. Les sirènes hurlent par-delà la réalité du monde confiné. Collision. Interpellation. Rires.
Qui sera le plus grand des cascadeurs ? Celui qui élance le petit cabriolet de fer ou celui qui jette l’ambulance au travers des meubles du salon. Accidents. Surprise. Rires.
Et le camion violet repart dans un échange déjanté entre deux rêveurs. Il devient boite à rythme en conjuguant les bruits les plus improbables des mécaniques extraordinaires. Cris. Chants. Rires.
Il passe si vite à autre chose et croise le calme du ballon endormi dans un coin de la pièce. On atterri, alors, au centre du stade de foot où les échos de nos passes estompent les gestes désarticulés. On devient star adulée par un public en folie et la balle évite miraculeusement les objets les plus fragiles de la maison. Acclamations. Applaudissements. Rires.
On imite, enfin, ces loups couvés par la chaleur de la horde notre foyer devient territoire de bêtes aussi belles que terrifiantes. Ah ouh !!!!! Rires.
Mais tout va si vite quand les jouets deviennent vivants. On ne s’était pas rendu compte que le monde terne du vrai allait revenir.
Je me souviens quand je jouais avec mon père pour faire écrouler cette tour en cube en soufflant dessus comme des titans. Mélancolie. Sourire. Larmes.
Une boucle de vie se perd une fois de plus dans la toile infinie des souvenirs heureux.
De ONE LOVE à EDEN KARMA91