
Tous ces matins …
A tous ces matins où la nature vient nous confier ses plus beaux bijoux. A tous ces levés où le temps nous enlevait. Chaque couleur de ciel amène un sentiment. Chaque émotion éclaire notre chemin pour la journée à venir.
Matin enneigé :
Le silence nous étreint avec passion. Je marche dans la délicatesse pour ne pas perturber ce tableau divin. Mes pas dégagent le bruit de craquement léger qui raisonne dans les prés. Je me perds dans le blanc immaculé et la neige m’embrasse tel cette déesse reconnaissante de se sentir aimée. Il n’y a plus qu’elle. Celle qui a kidnappé le temps, figé les lieux et glacé la nature. Les cristaux soyeux enlacent le monde de douceur. Il est l’heure de se disperser dans l’hiver.
Matin pluvieux :
Les gouttes d’eau piétinent la vitre. Le cliquetis m’éveille et me soumet à cette discrétion qui ne souffre plus d’illusion. La lumière est timide et s’efface derrière des nuages ternes et lourds. Les dégradés de gris s’enfuient vers les jours humides de tristesse. Il n’y aura pas d’espoir aujourd’hui car ce déluge dilue les sourires et ne laisse que très peu de place à la joie. Je m’évade vers le levant en espérant qu’après la pluie …
Matin glacé :
L’air glacial me hérisse les sens. Ma peau se gèle sous les assauts insolents du froid. Le vert des prairies se voile d’un givre blême et ardent. Je lève mon regard pour jouir du rose délicat du ciel de l’aube. Le soleil n’est plus très loin. Des volutes de fumée s’évadent de cette torche humaine qui se refroidira dans la glace et les couleurs.
Matin caniculaire :
La douce mélodie des oiseaux flotte dans l’atmosphère tiède des vacances. Les courants d’air dansent avec une maison désireuse de respirer le frais. La température encore tendre caresse mon visage. Je regarde par la fenêtre cette nature qui se dandine avant la canicule. Les insectes virevoltent parmi les fleurs repus de la nuit fraiche. Les couleurs sont tendres et notre étoile est encore timide de ces rayons dorés. Les champs jaunes de la sécheresse se préparent au feu. Nous allons bientôt refermer les volets pour nous cacher… et attendre …
Matin de tempête :
Les murs semblent se désunir. Une vibration venue de l’extérieur soulève notre sommeil pour le perdre. Les volets bougent, claquent et la maison paraît souffrir des assauts de ces vents inouïs. Une symphonie de complainte inonde les secondes. La sécurité n’est plus. Je sors, alors, dans ce jardin devenu chambre d’enfant après le jeu. Les arbres dansent dans une salsa folle. Le ciel est encore sombre car le jour a peur lui aussi. Il craint de dévoiler les débris de la tempête. Nous allons bientôt ouvrir nos cadeaux…
Matin heureux :
Le monde s’ouvre à nous et je dévale la colline avec l’optimisme des matins clairs. Mon clan se dresse face à une mer de brouillard cachant le bassin de la cité. Le soleil jaillit alors de ce blanc cotonneux pour inonder la scène d’une clarté contemporaine. Le bleu azur du ciel danse avec le blanc des nuages. Sourires aux lèvres, nous allons bientôt nous noyer dans la brume et nous perdre dans les profondeurs de la journée.
Et encore tant d’autres …
Millions de cœurs 60