Ecrire mon monde

Mes mots au fil des jours, mes phrases pour partager, des pages pour aller vers ce roman.

Une journée dans les Landes

10h34

Et la route perce la forêt de pins. Droite. Tendue vers l’horizon et son infini. Les arbres s’élèvent et leurs épines, du haut de leur verte délicatesse, frottent le tendre bleu du ciel. Les troncs gigantesques balisent le sous-bois. On ne voit pas d’issue, à se perdre dans ce dédale marron clair. Au sol, des fougères brassées par un dégradé orange sont figées par une sécheresse chronique. Viennent, enfin, la terre claire dansant avec le sable brun et l’herbe rare jaunie par la saison. Levons une dernière fois la tête pour entrevoir des pommes de pin géantes, trésors du labyrinthe.

On s’enfuit dans la forêt landaise qui brasse les couleurs sans livrer de porte de sortie.

11h45

Ça tangue. Les demoiselles sont peu assurées. Elles tremblent malgré leur sourire agrippé aux lèvres. Les voilà parties pour braver le courant léger de ce lac si près de l’océan. Elle se lève sur le paddle et devient maitresse fragile de l’embarcation. Elle glisse et l’on peut profiter des eaux transparentes dévoilant des fonds de sable bruns. La vitesse est maintenant incroyable et les eaux deviennent sombres de profondeurs si grandes. Mais c’est la chute … Un cri puis des rires … Bientôt la petite sœur reprend les commandes pour revenir vers la plage. L’eau se dissout au travers de toutes les teintes de vert de la saison. Au fond, on peut discerner des coquillages noirs dansant avec des algues discrètes. Les pins qui entourent le plan d’eau protège notre navigation. Le frère restera, quant à lui, allongé sur la planche pour se laisser bercer par les vagues légères. Nous les félicitons, si fières de leur volonté farouche de tanguer sur le lac.

Quelle est belle cette matinée. Le temps se suspend avec un paddle, une pagaie et 5 cœurs.

14h24

Le soleil se reflète dans l’océan et dévoile cette trace dorée et lumineuse qui fait scintiller les regards de tous les passants habillant si joliment la plage.

Comme une myriade de petites pierres précieuses flottant à la surface de l’eau, on oserait se croire dans la caverne d’un trésor.

Le sable embrasé par notre étoile se noie dans les flots au travers de vagues qui se dispersent dans une écume blanche digne des plus belles neiges de l’hiver.

16h12

Les vagues d’ici sont immenses. Démesurées. Encore plus que celles de là-bas et bien plus que celles de mon enfance. Elles te tirent, te repoussent, te plaquent sur le fond et te râpent contre le sable. Tu ne seras jamais leur maître pour oser les dompter.

Je prends la main de ma fille pour ne pas la perdre et la voilà qui s’agrippe comme si sa vie en dépendait.

Elle arrive. On la repère de si loin. Elle se gonfle en se rapprochant. Elle monte et voilà qu’elle va bientôt s’abattre sur nous. L’écume peint l’espace. On plonge et se perd en elle. Valse désordonnée.  On ressort notre tête de l’eau et déjà une autre vague arrive…

On abdiquera quand on aura froid de fatigue et de ce vent qui caresse le sable du rivage. 

18h45

Je veux que ma rétine s’imprègne de cet horizon aussi bleu qu’infini. Je désire que la mer me prenne pour ne plus me rendre. Je rêve que son immensité reste gravée dans ma mémoire. Je suis assis sur la plage pour me figer en ces lieux. Y rester. Ne plus partir. Mes yeux s’ouvrent pour ne rien perdre.

« Je ne veux pas partir moi »

Mon clan me rejoint et nous allons nous éclabousser dans ces vagues si calmes en cette fin d’après-midi. L’océan semble triste lui aussi. On joue au ballon et nos rires viennent éclipser les autres vies de la grève. Le goût salé ne nous quittera pas. Un câlin de famille. Un silence vers le couchant. Comme ces vacances sont belles … une fois de plus.

21h34

Et le soleil s’enfuit dans l’océan. Brillant, il fond vers le lointain où l’on rejoint le ciel. Il se laissera, bientôt, aller à se perdre en embrasant le paysage d’un jaune serein. Les nuages se teintent du blanc vanille envoutant.

Il n’est plus aussi lumineux et il apaise maintenant nos regards d’enfants qui fredonnent ces comptines avant les rêves. Il n’est plus entier. Juste beau. Éphémère. Comme ces peintures qui fixent le magnifique pour l’éternité, il nous offre des couleurs magiques. Douces. Brillantes. Oranges claires.

Il part si vite et l’on se prend la main pour se dire que l’on s’aime.

Comme un tour de magie, il s’évapore déjà.

Le rose s’étale enfin et l’océan perd de son bleu turquoise. Il devient sombre prêt à s’évader dans la nuit. Certains applaudissent et d’autres font un vœu.

Millions de cœurs 72

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