Ecrire mon monde

Mes mots au fil des jours, mes phrases pour partager, des pages pour aller vers ce roman.

On va cueillir des crabes

La mer se retire doucement et un univers frais de vie brille sous ce soleil de vacances d’été.

Avec cet entrain magnifique de naïveté, elles me chantent : « on va cueillir des crabes ! »

Parés d’un seau, de petites pelles et de ces sandales en plastique si vilaines d’utilité mais si mélancoliques de vie, on s’en va vers ces rochers nouveaux dévoilés par la marée.

Nous voici aventuriers venus trouver ce trésor que personne n’était parvenu à découvrir. On se parle à voix basse et le bruit des vagues vient, alors, emmitoufler notre exploration. Je les guide et elles me suivent avec délicatesse et application. Lentement, on s’approche de ces quelques flaques esseulées par la froide baisse des eaux. On soulève les pierres et déplace les algues.

Les coquillages vivants ne se laissent pas perturber par notre présence. Ils semblent courir au travers de nos grandes ombres d’humains qui n’ont rien à faire en ces lieux. Ils illuminent nos regards par leurs couleurs diffuses qui se reflètent dans ces yeux qui comprennent si peu.

Des petits poissons, piégés, subissent une excitation prémisse de la fin. Ils nagent, hagards, dans un univers pourtant si grand quelques heures auparavant.

Des moules, des huîtres et d’autres crevettes pas encore transformées par la volonté de se nourrir deviennent maîtres des lieux. L’espace est leur. Ils ne daignent nous remarquer, ignorants d’un monde qu’ils ne pourront apprendre.

Un éclair de temps pour capter cette démarche aussi atypique que suspecte et nous repérons ce crabe qui fuit vers une cachette innocente à le protéger.

On entoure maintenant l’animal. Elles ont les pelles et je présente le seau. Je soulève la pierre et dans un calme surprenant, mes filles le « cueillent » et le glissent dans son nouveau sanctuaire en plastique aux couleurs des dessins animés d’enfants.

« On a attrapé un crabe papa !!!! »

Et on repart vers une autre marre improvisée par la nature qui monte et descend au gré de la lune. Ils osent sortir de leur caverne au travers de ces rochers qui se réchauffent par la sècheresse du soleil de juillet. Une pince puis l’autre avant de filer à toute vitesse dans les antres de la pierre à la vue de notre grandeur. D’autres poissons, aussi minuscules que perdus, tentent d’échapper à la fuite de l’eau en filant aussi vite que possible. Les algues ont, maintenant, changé de teinte, assoiffées. Ce cycle de vie ne fera que se répéter inlassablement jusqu’à la fin des marées…

Le temps s’est arrêté pour nous. Il nous a oublié pour nous laisse vivre au grès de son chagrin.

L’océan vacille mais nous profitons du bonheur égoïste d’être seuls sur cette plage. Elles et moi. Des filles et leur père. Des innocents venus chérir la vie. Des gentils protégés par les vents.

Bientôt, les lieux seront, à nouveau, recouverts et les vagues caresseront la grève. Nous serons déjà repartis de notre cueillette et de l’instant qui ne cessera de se battre contre les mouvements de l’horloge d’une nature qui accepte son déclin puis sa renaissance.

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