
On fait le tour du lac à vélo ?
La remorque se charge de ces vélos sortis de l’ombre du garage. On range, s’installe et se hâte. L’aventure n’est plus très loin. Encore quelques minutes avant d’ouvrir les portes du sublime.
Certaines ne sont, pourtant, pas pressées par l’effort gigantesque à venir. D’autres, naïfs de l’instant, sourient devant le défilé onctueux des paysages de la fin de l’été.
Je lui tiens la main. Elle me sourit. Il fait si beau aujourd’hui.
Il est, maintenant, l’heure que ces cinq aventuriers chevauchent leurs quatre vélos. Il sera à l’arrière avec moi, dispensé par son âge de pédaler. Elles me suivront pour débuter une valse tranquille sur les bords du lac.
Dans la forêt, nous imitons une horde de loups affamés, si à l’aise de pouvoir glisser vers ce lâcher prise de ceux qui sont seuls au monde.
Des rivages laissent éclater le bleu turquoise de l’eau et les verts flamboyants des arbres. Mes filles y contemplent leurs rêves et je me perds à laisser ma sensibilité se heurter aux vagues légères.
On lève les yeux au ciel pour s’honorer d’une plume dessinée par les nuages.
On se baigne un peu, encore frileux de l’océan d’il y a quelques jours.
On repart feignants de pauses démesurées.
On découvre des abords solitaires de la foule. Cachés. Secrets.
On rit. On s’imagine. On chante. On croise des êtres fabuleux.
J’entends les plaintes de fatigue et je méprise tendrement leurs envies de boire.
Le temps se distend et l’on regrette déjà de revenir à notre point de départ.
Au retour, ils dorment, gavés des couleurs de la journée. Une musique emplie de calme raisonne dans la voiture pour oser apprécier la perfection des vacances de notre clan.
Millions de cœurs 74