
Voix d’enfants
« Je suis effrayé par leurs mots : la guerre, les maladies et la misère. J’ai peur des paroles des grands. Et même si on me crie qu’il n’existe pas, je voudrais tant trouver ce trésor au pied de l’arc-en-ciel. » Ernest
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« Hier soir ma belle-mère m’a dit que je n’aurais jamais dû exister. Elle m’insulte, me rabaisse aux yeux de tous et personne ne dit jamais rien. Et je pleure dans ma chambre si petite de vide. Je n’ai plus que ces journées au collège où j’oublie ce qu’il se passe le soir…
Mon père ne me parle plus. Au fil du temps, il est devenu inconnu et mes demi-frères ont pris ma place.
Et ma mère, où est-elle ? Elle, aussi, m’a effacé de sa vie. Là-bas, avec sa nouvelle fille, je suis devenu souvenir. » Chloé
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« Le bus me conduit au collège. Il fait si beau aujourd’hui. Le soleil me réchauffe tendrement au travers de la vitre. La matinée souffle l’espoir et je repense à hier. Papa et maman étaient si heureux, si amoureux. Je les revois s’embrasser, se dire « je t’aime ». On était bien tous les trois. » Paul
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« Et tous ces jaloux qui me gueulent que j’ai tout ce que je veux. Ils envient ma si grande maison, ma jolie piscine, ma chambre, mon nouveau téléphone, mes habits et ces vacances de rêves dans les pays où la mer est si bleue.
Mais ils ne savent pas que je suis triste. Triste de solitude.
Mes parents, si grands chirurgiens réputés dans le monde entier, préfèrent se perdre dans leur verre de whiskies quand ils rentrent le soir. Je vis dans le silence et m’étouffe au fil des nuits à greloter de l’absence de ceux qui devraient m’aimer si fort. Je veux juste une famille et des sourires. Partir ailleurs, mourir pour renaître dans un appartement pourri où il n’y a qu’un papa et une maman qui me serrent dans leur bras. » Inès
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« Je me rêve sur le terrain. Les spectateurs scandent mon nom. Je m’élance pour tirer. Je marque. Des cris de joie. Des larmes de victoire. Je soulève la coupe du monde. La planète me félicite. » Samuel
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« Je pars à l’école ce matin avec jalousie et rage. J’ai froid, j’ai faim et mes baskets troués ne laissent de place qu’aux moqueries des autres. Je sors de l’ombre d’un bâtiment devenu prison.
Un jour, je partirai. Un jour je m’enfuirai de cette vie sans espoir.
Par tous les moyens, je vais me battre et devenir ceux qui ont tout ce que je n’ai pas. Peu importe la manière… » Tom
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« Il faut traverser la cour et passer devant ces regards qui ne manqueront rien de mes défauts. Trop petit. Trop maigre. Pas assez populaire. Pas assez suivi. Je marche en baissant la tête pour ne pas froisser les moqueries. Le temps s’étire et je me rêve déjà là-bas, dans la classe, au dernier rang où personne ne fera attention à moi. Invisible aux yeux de ceux que j’envie tant. » Dan
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« Le paysage défile à l’allure folle de ceux qui ne craignent pas la chute. On traverse la forêt aussi vite que les insectes se poussant sur notre passage. Une bande de gamins insouciants qui dévale le sentier à vélo. Je suis au milieu du groupe et reste aux aguets, concentré, déterminé et joyeux de me rêver comme dans ces films où tout est possible. On va bientôt s’arrêter pour manger des BN et boire du Tropico. Elles sont trop bien ces grandes vacances. » Jules
De ONE LOVE à EDEN KARMA120